Deux petits villages abandonnés perdus au milieu de la région la plus chaude de
France. Pas de topo en magasin, ni en ligne. Juste un article dans un numéro de Grimper,
avec des dessins dignes dun enfant de CP. Est-ce vraiment raisonnable de passer des
vacances dété dans le Duché dUzès ? Jai hésité longtemps
à
tort !
Premier arrêt : La Capelle et Masmolène. Le
village est éloigné de tout mais très joli. Des maisons en pierres orangées
surmontées par un château sur lequel flotte un drapeau anglais. Le ton semble donné.
Respectueux des consignes martelées à longueur darticles sur les sites du net où
jai pu glaner quelques informations, je me gare sur la place du village et part à
la recherche des blocs. Dinstinct, je vise le haut le village.
Bonne pioche. Les blocs sont là. Nombreux,
variés avec un grain incroyable. Très sculptés, en grès comme à Bleau, même
sils sont plus abrasifs. Japerçois quelques flèches peintes de ci, de là en
bleu, rouge ou noir. Certains blocs ont une ampleur incroyable. Comme un enfant dans un
magasin de jouet, je cours dans tous les sens à la recherche de points de repère pour
pouvoir me retrouver. Et le temps me diriez-vous ? En plein mois daoût dans le
Gard, on doit suffoquer. Eh bien non. Lombre créée par les chênes nombreux rend
lendroit très agréable. Je déambule un bon moment en me promettant de revenir
faire le plein de croix
mais avec un pad car certains blocs sont hauts et parfois
exposés.
Retour le lendemain. Le parking de la place du
village est désert. Tout comme le site. Faute de topo et de grimpeurs locaux, difficile
dans ces conditions davoir une idée de la cotation des blocs. Tant pis. Je me fie
à mon expérience et aux marques de magnésie. Au diable les cotations. Tel un
boulimique, jenchaîne tout ce qui me paraît envisageable avec pour protection un
simple crash pad. Mais où sont donc cachés tous les grimpeurs locaux ? Pas sur les
falaises gardoises, trop ensoleillées. En Espagne ? A Bleau ? Je finis par croiser un
grimpeur de lAude, aussi surpris que moi par le manque dintérêt pour le
site. Pourtant, il fait frais sous les chênes et le grès est particulièrement
adhérant.
Surlendemain matin. Rendez-vous est pris à
Pougnadoresse avec le grimpeur audois. Le village est magnifique. Le site est plus
confidentiel. Cette fois, les blocs sont beaucoup moins nombreux et concentrés mais plus
exigeants. Pour les abriter du soleil, les marronniers ont remplacé les chênes. On
découvre rapidement des traversées longues et athlétiques, un toit explosif, peu
dexposition mais les cotations annoncées dans le topo du magazine Grimper sont bien
au rendez-vous. Le grain est étonnamment fin, mais tout aussi abrasif. Mes doigts ne
supporteront pas une semaine à temps plein à ce rythme. Dommage.
Dernier jour. Cest un petit pèlerinage
que jorganise en famille. Quelques photos et hop retour au parking. Et là surprise.
Sur le chemin du retour, je croise le propriétaire des lieux et le grimpeur local fort
que jai cherché désespéramment pendant tout mon séjour. Nous parlons du respect
des sites. Le bilan nest pas formidable et je comprends les réticences des locaux
à publier un topo. Pour vivre heureux, il vaut mieux vivre caché. Loin de cette
publicité qui attire la foule et les dégradations quelle génère. Finalement,
sans topo et sans cotation, le plaisir est autant au rendez-vous.
Situation :
La Capelle et Masmolène ainsi que Pougnadoresse se trouvent au nord est
dUzès dans le Gard.
Pour la Capelle, les blocs se trouvent dans le
haut du village. Il est impératif de se garer sur la place de léglise. Les blocs
sont sur une propriété privée et les grimpeurs doivent se conformer aux règles de
courtoisie élémentaire. Pas de stationnement anarchique devant les habitations, pas de
mégots jetés en douce, pas de "grosse commission", bref laisser lendroit
au moins aussi propre que vous lavez trouvé. Ramasser les détritus des autres
nest ni inutile, ni interdit.
Pour Pougnadoresse, les règles sont les mêmes.
Il faut se garer dans le village en respectant la sortie des véhicules personnels et
agricoles des riverains.
Bibliographie :
RocN Wall n°21
Grimper n°85 |